Stranger Things : L’enfant intrépide en nous : entre rêves d’aventure et monstres à dompter

10/06/2025
En nous tous réside cet audacieux enfant — celui qui n'a jamais vraiment abandonné les longues nuits d'été passées à concocter des récits farfelus dans le comble ou à vagabonder en pleine nature sans chaussure. Cet enfant, c'est le héros silencieux de Stranger Things, cette série qui, à coups de monstres inquiétants et de cassettes VHS, nous ramène avec délice à une époque où l'imagination était notre plus grand terrain de jeu. Entre fantasmes d'exploration et créatures à apprivoiser, elle nous enseigne que la maturation ne signifie pas constamment abandonner, mais fréquemment savoir jongler avec nos craintes — tout en grignotant des Doritos guacamole en attendant la conclusion.


Stranger Things, ou la nostalgie cachée derrière le masque de la science-fiction

Stranger Things, avec sa troupe d'enfants prodiges aux capacités télékinétiques, ne se contente pas de ressusciter les années 80 : elle ravive en nous ce mélange sucré d'effroi et d'émerveillement qui réjouit notre âme d'enfant. La série, c'est un peu comme cette vieille cassette VHS qu'on redécouvre à Noël, chargée de crépitements et d'optimisme, avec en fond sonore le retour surprenant de Kate Bush et ses mélodies éthérées qui nous transportent loin de nos soucis.


Et puis il y a ces images saturées de couleurs — les rouges, les bleus, ces néons hypnotiques — qui plongent l'univers dans une ambiance à la fois chaleureuse et inquiétante. Parce qu'en vrai, ce que la série raconte, c'est l'éternelle bataille entre l'enfance et l'âge adulte, entre innocence et monstruosité, avec un soupçon de guacamole croustillant à grignoter entre deux scènes.


Les enfants audacieux : des héros involontaires

Millie Bobby Brown, qui incarne notre Eleven, va au-delà du statut d'actrice. Elle représente cette image de l'enfant devenu jeune adulte confronté à une critique parfois maladroite, celle d'une hypersexualisation fulgurante dès qu'elle passe le seuil de l'adolescence - à l'instar de Natalie Portman précédemment. Sous cette contrainte se profile une réflexion complète sur la manière dont la société perçoit les jeunes filles « différentes », avec son cortège d'injustices et de fantasmes.


La série, miroir sociologique d'une époque

Stranger Things est également une analyse des tensions au sein de la famille, des relations amicales instables, des communautés en retrait et des institutions en déliquescence. Sous le vernis paisible de la petite ville d'Hawkins, les mystères et les expériences étranges du laboratoire évoquent une méfiance envers le gouvernement et la science, emblématiques de notre époque. La série excelle à saisir l'âme d'un village, et par extension, d'une société où chaque individu s'efforce de se positionner.

On y trouve les parents débordés, les voisins méfiants, les adolescents en quête d'identité : un véritable reflet de notre société. Alors que les monstres se cachent, les véritables affrontements ont parfois lieu dans le silence d'une demeure ou à l'angle d'un couloir scolaire.


Notre mémoire : entre pâtes à gâteaux et films courts faits maison

Pour une grande enfant comme moi, ayant eu le privilège de passer plusieurs saisons dans la campagne du Berry, Stranger Things évoque des souvenirs précieux. Les soirées nocturnes où l'on se transformait en scénaristes, acteurs, maquilleurs et bruiteurs. Un torchon se transformait en spectre, un rideau en manteau enchanté. Et dans la maison, on déterrait des accessoires qui auraient fait rougir d'envie les équipes de costumes de Netflix.

Nos "films" ? Des thrillers absurdes, des comédies involontaires, des parodies de pubs ou de clips, montés avec le talent douteux de Windows Movie Maker et une BO maison à base de M6 Hits. On parlait de meurtres, de sorcières, d'extraterrestres… avec la voix qui déraille à la puberté et un cadrage très expérimental.

La pâte à gâteau était notre carburant : à chaque prise ratée, une cuillerée ; à chaque fou rire, une autre. On finissait trempés de sueur et collants de sucre, mais avec cette énergie que le temps n'a pas réussi à entamer.

Et puis se faire engueuler à 5h du matin, ça n'a pas de prix.



Game Over  

Ainsi, si grandir implique de faire face à des monstres – qu'ils soient réels ou fictifs –, Stranger Things nous enseigne qu'on peut toujours y arriver en vélo, avec un walkman pour compagnon, une lampe torche à la main et entouré d'une bande d'amis loyaux. Et si le courageux petit être en nous était toujours là, dormant paisiblement… il est peut-être temps de le réveiller.

Par : Anne-Sophie MESLEM


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