TAKEN : quand Liam Neeson active son syndrome du daron vengeur (et qu’on adore ça)
09/06/2025
Certains films transforment radicalement le paysage cinématographique.
Et ensuite, il y a Taken.
Ce n'est pas nécessairement révolutionnaire, ni truffé d'effets spéciaux ou de grands discours, mais une gifle précise et jouissive comparable à un coup de pied dans une porte mal fermée.
Dans Taken, Liam Neeson ne se contente pas de jouer, il traque. Il ne joue pas un personnage, il menace tranquillement au téléphone. Il ne verbalise pas ses émotions, il les exprime par des coups de coude dans la trachée. Et pourtant, même lorsqu'on n'est pas vraiment fan de films d'action, on reste collé à l'écran.
Poli mais faut pas me chauffer
Taken relate l'histoire de Bryan Mills, un ancien agent spécial du gouvernement américain, conjuguant les rôles d'agent secret et de père divorcé perdu dans la jungle des sentiments adolescents.
Lorsque sa fille voyage en Europe avec son amie et tombe entre les mains de trafiquants d'êtres humains, Bryan ne laisse pas échapper une larme, il prend l'avion. Ce qui suit est une séquence méthodique de claques cinématographiques, de répliques emblématiques (« Je te retrouverai. Et je te tuerai.") et de paternité sous testostérone.
C'est le syndrome du père protecteur, version film d'action :
« Si tu t'en prends à ma fille, tu goûteras à ma semelle. »
Taken, une trilogie remarquable... même sans passion pour les arts martiaux
Non, Taken n'est pas réservé uniquement aux fans de cascades et de voitures qui explosent sans raison. Il s'agit d'une série de films brillamment cadencés, qui repose sur : Un récit concentré : 90 minutes sans superflu, découpées comme un épisode sous adrénaline.
Une véritable charge émotionnelle : au-delà des coups, la peur profonde de perdre un enfant. Un héros épuisé, ordinaire presque, humain, jusqu'à ce qu'il déclenche son mode « machine à venger les innocents ».
Et une esthétique dépouillée, brute, glaciale et efficient, semblable à un café noir servi à 6 heures du matin. Bien que tu ne sois pas fan des films d'action, tu pourrais te retrouver à applaudir devant un téléphone à clapet.
La criminalité en Europe, ce vaste terrain d'action pour les pères exaspérés (et pas seulement)
Dans Taken, l'Europe apparaît comme une vaste zone de crime organisé : mafias de l'Est, clubs privés douteux, policiers véreux et des sous-sols loin d'être accueillants pour Airbnb.
Mais dans la réalité ? C'est plus complexe. D'après Europol, les types de criminalité les plus répandus en Europe comprennent :
70 % des réseaux criminels identifiés sont impliqués dans le trafic de drogues.
La cybercriminalité (qui a connu une hausse significative des attaques depuis 2020), la tromperie financière, ainsi que le trafic d'êtres humains, bien qu'il ne représente qu'une petite partie des crimes, demeure toujours une source d'inquiétude. Les réseaux ? Il ne s'agit pas seulement de « l'Est » : on trouve des structures criminelles organisées à travers le monde - Italie, France, Balkans, Afrique de l'Ouest, Asie.
De plus en plus, les forces de l'ordre européennes collaborent, notamment par le biais de l'OCRTEH (Bureau central pour la répression de la traite des êtres humains), qui s'engage vigoureusement dans la lutte contre l'exploitation sexuelle, y compris celle des mineurs.
Parent Trap : le prequel de Taken, version années 80
Avant l'arrivée de Liam Neeson en Europe armé d'un téléphone à clapet et de menaces effrayantes, nous avions déjà Sally Field dans « Touche pas à ma fille » (Not Without My Daughter, 1991). Pas de bagarre. Aucune chasse à l'homme.
Cependant, une pression insupportable persiste : une mère isolée en Iran, un amour maternel déterminé à transcender les limites, les législations et les montagnes pour retrouver sa fille. C'était le Taken des années 80, mais sans les coups de coude dans les côtes flottantes.
Une interprétation dramatique, émouvante et entièrement marquée par l'angoisse, où l'adversaire n'est pas une mafia glamourisée, mais la véritable peur, le patriarcat, l'exil et l'isolement culturel. Donc, oui, Taken distribue des coups.
Liam Neeson : l'évolution d'un Jedi devenu père musclé
Petite précision : avant de se lancer dans la distribution de coups de poing dans des garages de Paris, Liam Neeson a été un acteur spécialisé dans Shakespeare, un moine Jedi et un candidat potentiel à l'Oscar (La Liste de Schindler, 1993).
Mais un jour, à l'âge de 56 ans, il revêt une veste en cuir noir et défie le monde entier. Et là, révélation : il se transforme en Clint Eastwood après son divorce, en Jason Bourne des pères célibataires, le symbole de « je suis trop vieux pour ces bêtises, mais je vais quand même venir à ton secours ».
Depuis, Liam participe chaque année à : des thrillers où il est traqué dans des avions/trains/boîtes de nuit, des films où il subit la perte d'un être cher et se fracture des tibias. Des publicités où l'on s'attend à ce qu'il brandisse un sachet de chips au téléphone.
Scène finale
Taken, c'est le rêve de chaque adulte quelque peu éreinté : regagner de la force dans un univers incertain, sauvegarder ce qui nous est cher au sein d'un chaos globalisé, faire face aux malfrats avec le ton d'un enseignant d'anglais épuisé. Effectivement, cela peut parfois sembler cliché. Oui, cela manque de subtilités géopolitiques.
C'est si bien réalisé, cadencé, monté et interprété qu'on a envie de revenir. Et si demain quelqu'un fait du tort à ta fille, ton fils, ton chat ou même à ton pot de Nutella : tu sais quels sont tes recours.