Quand une femme libre vous dérange, c'est souvent qu'elle vous tend un miroir.

L'actrice iranienne exilée Golshifteh Farahani a réussi à marier talent, audace et indépendance dans une trajectoire qui suscite autant l'inquiétude que l'admiration. Que ce soit dans ses fonctions ou ses décisions personnelles, elle représente une multitude de facettes féminines, qui rejette les contraintes traditionnelles et manie la délicatesse à sa façon. Ironiquement, cette liberté peut être troublante — parfois même parmi ceux qui se présentent comme des défenseurs des droits de la femme.

Une enfance marquée par la répression 

Golshifteh Farahani, née en 1983 à Téhéran, a été élevée dans une famille d'artistes où la créativité était primordiale, malgré la pression exercée par le régime iranien. Pour contourner les règles strictes réservées aux femmes, elle se coupe les cheveux à deux reprises et se travestit en garçon pour avoir la liberté de déambuler dans les rues de Téhéran. Ce geste, à la fois radical et touchant, témoigne clairement de sa lutte précoce pour la liberté.

Une voix pour les femmes iraniennes 

Golshifteh, après avoir été empêchée de quitter l'Iran et exilée en France, se transforme en une personnalité importante de la résistance féminine. Elle contribue au recueil collectif Nous n'avons pas peur, dans lequel elle narre son parcours aux côtés d'autres femmes iraniennes déterminées, illustrant la ténacité et le courage face à la répression.
Sa carrière dépasse largement les limites de l'Iran : elle a interprété des rôles puissants, comme dans Paterson de Jim Jarmusch ou Les Filles du soleil, où elle donne la voix à des femmes en lutte. Ses décisions artistiques témoignent de son dévouement pour les questions sociales et son aspiration à mettre en évidence les combats méconnus.

Une actrice qui choisit sa pudeur

Golshifteh a posé nue pour le magazine EGOISTE, une image sobre, artistique, et pleine de douceur.
Mais cela a fait plus de bruit qu'un défilé de mode à la télé un samedi soir.
Pourquoi ?
Parce qu'elle est iranienne, libre, et que sa pudeur ne correspond pas aux règles qu'on voudrait lui imposer.
Une femme libre est souvent jugée plus sévèrement que n'importe quel acte.
Elle dérange parce qu'elle ne suit pas le manuel du féminisme calibré et prêt-à-porter.

Des leçons de morale à foison 

Golshifteh est bien familiarisée avec ces leçons, issues d'un régime, d'un média et parfois même de féministes unidimensionnels. Mais elle, elle décide de son propre chemin. Et c'est là son véritable atout. Le droit d'être imparfaite, autonome et souveraine. 

La peur comme compagne de route 

Golshifteh ne dissimule pas sa peur, mais la convertit en puissance : « La peur se transforme en une sorte d'amie que l'on finit par domestiquer. » « On danse avec lui, on chante avec lui, on joue avec lui. » Ce mode de vie poétique face à l'angoisse démontre sa faculté à convertir l'adversité en force créative. 

Outre ses performances et son talent artistique, Golshifteh se distingue également comme une figure emblématique de la mode. Sa sophistication innée, associée à des décisions audacieuses, représente une manifestation de sa liberté, fusionnant ses origines iraniennes avec son ouverture sur le monde.

Le véritable féminisme ? Peut-être que cela signifie : permettre aux femmes de rédiger leurs propres règles

Dix films incontournables avec Golshifteh Farahani

Pour découvrir toute la richesse du jeu de Golshifteh Farahani, voici dix films essentiels à voir ou à revoir :

1. Mensonges d'État (2008)
2. À propos d'Elly (2009)
3. Syngué sabour – Pierre de patience (2012)
4. Paterson (2016)
5. Deux Amis (2015)
6. Poulet aux prunes (2011)
7. Un divan à Tunis (2019)
8. My Sweet Pepperland (2013)
9. Exodus: Gods and Kings (2014)
10. Les Filles du soleil (2018)

Par : Anne-Sophie MESLEM