Don Pedro Di Pascal : esquisse d'un homme (quasi) parfait
06/07/2025
Pedro Pascal, dont le véritable nom est José Pedro Balmaceda Pascal, voit le jour le 2 avril 1975 à Santiago du Chili, durant la dictature de Pinochet. Sa famille a émigré d'abord au Danemark, puis aux États-Unis, où il a grandi au Texas et en Californie. Un passé teinté d'exil et de déracinement, qui confère à son jeu une nuance de mélancolie universelle. Ce gars-là ne joue pas droit : il saigne à l'écran. Pedro est un diamant brut servi dans une flûte vintage, à la fois captivant et empreint de subtilité, intense sans jamais être accablant. C'est une figure qui aurait pu enseigner la philosophie à Santa Monica ou jouer le rôle d'un enquêteur dans une production HBO explorant la fragilité de la virilité.
L'itinéraire : du flou à la clarté
Avant de devenir l'objet de toutes les convoitises numériques, Pedro a ramé. Et fort. Des rôles mineurs dans les années 2000 (Buffy contre les vampires, NYPD Blue), un théâtre rigoureux, une multitude d'auditions infructueuses. Il vivait presque dans l'instabilité, à l'instar de nombreux artistes à Los Angeles. Tout a changé en 2014 grâce à Oberyn Martell dans Game of Thrones : un prince libre, sensuel et bisexuel, qui trouve la mort dans l'une des scènes les plus emblématiques de la série (indice : il se fait fracasser le crâne). Par La Montagne. Cela fait une impression.) Ensuite, il y a Narcos, où il joue le rôle de Javier Peña, un agent de la DEA au charisme discret, à la moustache prononcée et aux chemises beiges. Son regard fatigué et sa voix traînante deviennent son empreinte distinctive.
C'est cependant avec The Mandalorian (2019) et plus particulièrement The Last of Us (2023) qu'il atteint des sommets.
The Last of Us : le père post-apocalyptique qu'on souhaite avoir
Pedro Pascal joue le rôle de Joël, un survivant dans un monde post-apocalyptique peuplé de zombies fongiques. Il est épuisé, brutal, affectueux, déchiré, défensif — en résumé, c'est le père que beaucoup auraient aimé avoir. La paire qu'ils forment avec Bella Ramsey (Ellie) transcende la série : ils se transforment en symbole de l'attachement dans un univers désespéré.
Du point de vue sociologique, Pedro incarne un archétype du « soft but sad masculinity ». Il se positionne dans la continuité des anti-héros fragiles, après #MeToo, après Trump, après tout. Il n'est pas nécessaire qu'il en fasse trop. Il fixe l'objectif, et l'univers tout entier tremble. Son jeu se situe entre une maîtrise émotionnelle et une colère latente. C'est le père profondément marqué, mais sans manifestation de virilité toxique. C'est le papa post-patriarcal. Pas un chasseur : un gardien. Le surnom « Daddy de l'Internet » fait un véritable carton sur la toile.
Pedro Pascal : une personnalité à la fois transversale et transnationale
Pedro représente l'homme latino sans préjugés, éloigné des clichés des narcotrafiquants, des gigolos ou des personnages secondaires. Il évoque fréquemment sa famille, (il est un fervent défenseur de la cause LGBTQ+ pour son frère trans), et son identité en tant que membre de la diaspora. Il est à la fois un « insider » d'Hollywood et un outsider culturel. Il participe à des franchises extrêmement populaires tout en restant en contact avec la marge, en se présentant dans des courts métrages, des projets queer ou des lectures de théâtre. Il se classe parmi ces intervenants « artistiques-politiques », appréciés à la fois par TikTok, les critiques du New Yorker et les adeptes de la fanfiction.
Examen sociologique rapide (et pas trop aride)
Pedro Pascal se situe à l'intersection de plusieurs courants : La nostalgie d'un patriarche tendre : Dans une ère où l'autorité est souvent mise en doute, Pedro représente un modèle d'homme confiant sans être dominateur. Le trauma recyclé : Sa filmographie examine la reconstruction suite à une perte, un sujet omniprésent dans notre époque post-pandémique. L'esthétique de la survivance : Avec son jean sale et sa veste de cuir, Pedro représente le style « fin du monde mais chic », tendance inspirée par des séries telles que The Walking Dead et Children of Men. Le retour du brun ténébreux : Finis les blonds sans caractère. La pilosité, le regard pesant et la texture de la peau chaude ? Oui, c'est exact. Je vous en prie.
Références culturelles et sous-entendus geek
Le Mandalorien : Pedro est fréquemment… caché. Néanmoins, il irradie. Par le biais de sa voix, de son attitude et de sa posture : il communique à travers le langage des silences.
The Last of Us : transposition d'un jeu vidéo emblématique. Il réussit à interpréter un personnage mythique sans imiter l'original.
Memes viraux : La vidéo TikTok où il déguste un sandwich avec une expression de sociopathe adorable = pépite d'internet.
Kingsman 2 : il incarne un agent secret maniant le lasso. Il déborde de charme du Sud, à la façon de Quentin Tarantino.
Le Poids Insupportable du Talent Considérable : Il y interprète un rôle, en tandem avec Nicolas Cage. Meta. Comique. Déprimé. Tout Pedro.
Alors, Dieu a-t-il créé la perfection ?
Non. Pedro Pascal pourrait être l'exemple que la beauté se trouve dans l'imperfection sublimée. Il est une contradiction sur pattes : affectueux et empreint de mélancolie, viril et vulnérable, distant tout en étant nourricier. Un homme compétent ? Plus que cela : un homme capable de nous faire illusion, ne serait-ce qu'un instant, que la tendresse masculine n'est pas une illusion.
Par : Anne-Sophie MESLEM